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prince équitable, de qui la bouche est l’organe de la vérité, ce roi des Nishâdas, qui a nom Gouha aux longs bras. À la nouvelle que Râma, le tigre des hommes, était venu dans sa contrée, ce monarque est accouru à ta rencontre avec ses vieillards, ses ministres et ses parents. »

Après ces mots de son cocher, comme il vit de loin Gouha qui s’avançait, Râma avec le fils de Soumitrâ se hâta de joindre le roi des Nishâdas. Quand il eut embrassé le malheureux exilé : « Que ma ville te soit comme Ayodhyâ ! Que veux-tu, lui dit Gouha, que je fasse pour toi ? »

À ces paroles de Gouha, le noble Raghouide répondit ainsi : « Il ne manque rien à l’accueil et aux honneurs que nous avons reçus de ta majesté. »

Puis, quand il eut baisé tendrement au front ce monarque venu à pied, quand il eut serré Gouha dans ses bras d’une rondeur exquise, Râma lui tint ce langage :

«  Je refuse tout ce que ton amitié fit apporter ici, quelle qu’en soit la chose ; car je ne suis plus dans une condition où je puisse recevoir des présents. Sache que je porte le vêtement d’écorce et l’habit tissu d’herbes, que les fruits sont avec les racines toute ma nourriture et le devoir toute ma pensée ; que je suis un ascète enfin et que les choses des bois sont les seuls objets permis à mes sens. J’ai besoin d’herbe pour mes chevaux ; il ne me faut rien autre chose : avec cela seul, ta majesté m’aura bien traité. — Car c’est l’attelage favori du roi Daçaratha, mon père : aussi tiendrai-je comme un honneur fait à moi les bons soins donnés à ses nobles coursiers. »

Aussitôt Gouha de jeter lui-même cet ordre à ses gens : « Qu’on se hâte d’apporter aux chevaux de l’herbe et de l’eau ! »