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de son père. Mais, s’étant levé au milieu de la nuit et les ayant vus tous endormis, il dit à son frère, distingué par des signes heureux : « Vois, mon frère, ces habitants de la ville, sans nul souci de leurs maisons, n’ayant que nous à cœur uniquement, vois-les dormir au pied des arbres aussi tranquillement que sous leurs toits.

«  Nous donc, pendant qu’ils dorment, montons vite dans le char et gagnons par cette route le bois des mortifications. Ainsi les habitants de la ville fondée par Ikshwâkou n’iront pas maintenant plus loin, et ces hommes si dévoués à moi ne seront plus réduits à chercher un lit au pied des arbres. »

Aussitôt Lakshmana répondit à son frère, qui était là devant ses yeux comme le devoir même incarné : « J’approuve ton avis, héros plein de sagesse ; montons sans délai sur le char ! »

Ensuite Râma dit au cocher : « Monte sur ton siége, conducteur du char, et pousse rapidement vers le nord tes excellents coursiers ! Quand tu auras marché quelque temps au pas de course, ramène ton char, le front droit au midi, et mets dans les mouvements une telle attention, que les traces du retour ne décèlent pas aux habitants de notre cité le chemin par où je vais m’échapper. »

À ces mots du prince, le cocher à l’instant d’exécuter son ordre, il alla, revint et présenta son léger véhicule au vaillant Râma.

Celui-ci monta lestement sur le char avec ses deux compagnons d’exil, et se hâta de traverser la Tamasâ. Quand le héros aux longs bras fut arrivé sur l’autre bord de cette rivière, dont les tourbillons agitent la surface, il suivit le cours de l’eau dans une route belle, heureuse, sans obstacle, sans péril et d’un aspect délicieux. Ensuite,