digne rejeton de Kakoutstha : c’est toi qu’attend ce grand char attelé.
« Je vais te conduire avec lui où tu as l’envie d’aller. »
À ces nobles paroles du cocher, Râma, accompagné de son épouse, se prépare à monter dans ce char magnifique avec Lakshmana. Il déposa lui-même sur le fond du char les différentes espèces d’armes, les deux carquois, les deux cuirasses, la bêche et le panier. Cela fait, et sur l’ordre qu’il en reçut du jeune banni, le cocher du roi y plaça encore une cruche de terre.
Soumantra les fit monter et monta lui-même derrière ces nobles compagnons d’exil. Ensuite, ayant jeté le regard d’une âme consternée sur les deux frères assis auprès de la belle jeune femme, le troisième avec eux, Soumantra de fouetter ses chevaux, sur le commandement, que Râma en donna lui-même au cocher.
« Hélas ! Râma ! » s’écriaient de tous côtés les foules du peuple.
« Retiens les chevaux, cocher !… Va lentement ! disaient-ils : nous désirons voir la face du magnanime Râma, ce visage aimable comme la lune.
« Notre seigneur, aux yeux de qui le devoir est préférable à tout, s’en va pour un lointain voyage : quand le reverrons-nous enfin revenu des routes sauvages de la forêt ? La mère de Râma a donc un cœur de fer ; il est donc joint solidement, puisqu’il ne s’est pas brisé, quand elle a vu partir son fils bien-aimé pour l’habitation des forêts ! Seule, elle a fait acte de vertu, cette jeune Vidéhaine à la taille menue, qui s’attache aux pas de son époux comme l’ombre suit le corps. Et toi aussi, Lakshmana, tu es heureux, car tu satisfais à la vertu, toi, qui