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tous les hommes de bien, pourquoi donc me piquer sans cesse avec l’aiguillon de tes paroles, moi qui porte un fardeau si lourd et même insoutenable ! »

À ces mots du roi, Kêkéyî, dans son horrible dessein, reprit avec ce langage amer, que lui inspirait son génie malfaisant : « Jadis Sagara, ton ancêtre, abandonna résolûment Asamandjas même, son fils aîné ; abandonne, à son exemple, toi, l’aîné de tes Raghouides ! »

« Ô honte ! » s’écrie à ces mots le vieux monarque ; et, cela dit, il se met à songer, tout plein de confusion, en secouant un peu la tête.

Alors un vieillard d’un grand sens, connu sous le nom de Siddhârtha et qui jouissait de la plus haute estime auprès du puissant roi, s’approche de Kêkéyî et lui tient ce langage : « Reine, apprends de moi, qui vais t’en raconter la cause, pourquoi jadis Asamandjas fut rejeté par Sagara, le maître de la terre. Il est sûr que, poussé d’un naturel méchant, Asamandjas saisissait au cou les jeunes enfants des citadins et les jetait dans les flots de la Çarayoû : voilà, reine, le fait tel qu’il nous fut donné par la tradition. En butte à ses vexations : « Dominateur de la terre, choisis, dirent au monarque les citadins irrités, choisis entre abandonner Asamandjas seul ou bien nous tous ! »

« Pour quel motif ? » reprit cet auguste souverain. À ces mots, les citoyens de lui répondre avec colère : « Poussé d’un naturel méchant, ton fils prend à la gorge nos jeunes enfants et les jette eux-mêmes, tout criant, aux flots de la Çarayoû ! »

« Quand il eut recueilli d’eux cette plainte, le roi Sagara, qui voulait complaire aux habitants de la ville, dégrada son fils et le bannit de sa présence. C’est ainsi que le magnanime Sagara dut renoncer à un fils sans con-