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nain, Dieu aux longs bras, et veuille bien lui mendier ce que trois de tes pas seulement peuvent mesurer de terre. Il doit nécessairement t’accorder l’aumône de ces trois pas, aveuglé qu’il est de sa force, comme de son courage, et méprisant dans toi-même le maître du monde, qu’il ne reconnaîtra point sous ta forme de nain. Le roi des vils Démons gratifie par l’accomplissement de leurs vœux les plus chers tous ceux qui, désirant obtenir l’objet où leur souhait aspire, invoquent sa munificence.

« Cet ermitage parfait de nom le sera donc aussi de fait, si tu veux bien en sortir un instant, ô toi, de qui l’énergie est celle de la vérité même, pour accomplir cette action parfaite.

« Conjuré ainsi par les Dieux, Vishnou, sous la forme de nain, dont s’était revêtue son âme divine, alla trouver le Virotchanide et lui demanda l’aumône des trois pas.

» Mais aussitôt que Bali eut accordé les trois pas de terre au mendiant, le nain se développa dans une forme prodigieuse, et le Dieu-aux-trois-pas[1] s’empara de tous les mondes en trois pas. — Du premier pas, noble Raghouide, il franchit toute la terre ; au deuxième, tout l’immortel espace atmosphérique ; et, du troisième, il mesura tout le ciel austral. C’est ainsi que Vishnou réduisit le démon Bali à ne plus avoir d’autre habitation que l’abîme des enfers ; c’est ainsi qu’ayant extirpé ce fléau des trois mondes, il en restitua l’empire au monarque du ciel.

« Cet ermitage, qui fut habité jadis par le Dieu aux œuvres saintes, reçoit très souvent mes visites par dévo-

  1. Trivikrama, un des surnoms de Vishnou, qu’il dut à cette légende.