sortant de son palais avec Lakshmana, il s’en alla voir son auguste père. Il était accompagné de son épouse et de son frère.
Aussitôt, pour jouir de leur vue, les femmes, les villageois et les habitants de la cité montent de tous les côtés sur le faîte des maisons et sur les plates-formes des palais. Dans la rue royale, toute couverte de campagnards, on n’eût pas trouvé un seul espace vide, tant était grand alors cet amour du peuple, accourant saluer à son départ ce Râma d’une splendeur infinie. Quand ils virent l’auguste prince marcher à pied, avec Lakshmana, avec Sîtâ même, alors, saisis de tristesse, leur âme s’épancha en divers discours : « Le voilà, suivi par Lakshmana seul avec Sîtâ, ce héros, dans les marches duquel une puissante armée, divisée en quatre corps, allait toujours devant et derrière son char ! Ce guerrier, plein d’énergie, dévoué, juste comme la justice elle-même, ne veut pas que son père fausse une parole donnée, et cependant il a goûté la saveur exquise du pouvoir et du plaisir !
« Elle, Sîtâ, dont naguère les Dieux mêmes qui voyagent dans l’air ne pouvaient obtenir la vue, elle est exposée maintenant à tous les regards du vulgaire dans la rue du roi ! Le vent, le chaud, le froid vont effacer toute la fraîcheur de Sîtâ ; elle, de qui le visage aux charmantes couleurs est paré d’un fard naturel. Sans aucun doute, l’âme du roi Daçaratha est remplacée par une autre âme, puisqu’il bannit aujourd’hui sans motif son fils bien-aimé !
« Laissons nos promenades, les jardins publics, nos lits moelleux, nos siéges, nos instruments, nos maisons ; et, suivant tous ce fils du roi, embrassons une infortune égale à son malheur.