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yeux que dans les jours passés, maintenant qu’il est tombé sous le pouvoir d'un autre amour. Un jour, enivrée par les fumées de la toute-puissance, Kêkéyî, incapable de modérer son âme, fera sentir quelque dureté à ses rivales. C’est pour consoler surtout et défendre nos mères, fils de Soumitrâ, qu’il te faut rester ici jusqu’à mon retour. Tu seras ici pour elles deux, comme je l’étais moi-même, un bras où elles pourront s’appuyer dans les chemins difficiles et un refuge assuré contre les persécutions. »

Il dit ; à ces mots de son frère, Lakshmana, le mieux doué entre les hommes, sur lesquels Çrî a répandu ses faveurs, joignit les mains et répondit en ces termes à Râma :«  Seigneur, il serait possible à Kâauçalyâ d’entretenir, pour sa défense, plusieurs milliers d’hommes de mon espèce, elle, à qui dix centaines de villages furent données pour son apanage ; et d’ailleurs, sans aucun doute, par considération pour toi, Bharata ne peut manquer jamais d’honorer nos deux mères : on le verra même apporter le plus grand zèle à protéger Kâauçalyâ et Soumitrâ.

«  Je suis ton disciple, je suis ton serviteur, je te suis entièrement dévoué, je t’ai jusqu’ici même suivi partout : sois donc favorable à ma prière ; emmène-moi, vertueux ami ! »

Charmé de ce langage, Râma dit à Lakshmana :«  Eh bien ! fils de Soumitrâ, viens ! suis-moi ! prends congé de tes amis. »


Après que Râma, assisté par son illustre Vidéhaine, eut donné aux brahmes ses richesses, il prit ses armes et les instruments, c’est-à-dire la bêche et le panier ; puis,