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tiktaka[1] à la saveur astringente. Et puis, quand on n’a pas fait provision de racines et de fruits sauvages dans les forêts, il arrive que les anachorètes de leurs solitudes s’y trouvent réduits à passer beaucoup de jours, dénués absolument de toute nourriture. Dans les bois, on se fait des habits avec la peau des bêtes, avec l’écorce des arbres ; on est contraint de tordre sans art ses cheveux en gerbe, de porter la barbe longue et le poil non taillé sur un corps tout souillé de fange et de poussière, sur des membres desséchés par le souffle du vent et la chaleur du soleil : aussi, le séjour dans les bois, mon amie, est-il une chose affreuse !

« De quel plaisir ou de quelle volupté pourrai-je donc être là pour toi, quand il ne restera plus de moi, consumé par la pénitence, qu’une peau sèche sur un squelette aride ? Ou toi, qui, m’ayant suivi dans la solitude, y seras toute plongée dans tes vœux et tes mortifications, quelle volupté pourras-tu m’offrir dans ces forêts ? Mais alors, moi, te voyant la couleur effacée par le hâle du vent et la chaleur du soleil, ton corps si frêle épuisé de jeûnes et de pénitences, ce spectacle de ta peine dans les bois mettra le comble à mes souffrances.

« Demeure ici, tu n’auras point cessé pour cela d’habiter dans mon cœur ; et, si tu restes ici, tu n’en seras pas, ma bien-aimée, plus éloignée de ma pensée ! »

À ces mots, Râma se tut, bien décidé à ne pas conduire une femme si chère au milieu des bois ; mais alors, vivement affligée et les yeux baignés de pleurs :

« Les inconvénients attachés au séjour des bois, répondit à ces paroles de son mari la triste Sîtâ, de qui les

  1. Trichosantes diœca