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« Dans le bois repairent les tigres, qui déchirent les hommes, conduits par le sort dans leur voisinage : on est à cause d’eux en des transes continuelles, ce qui fait du bois, mon amie, une chose affreuse !

« Dans le bois circulent de nombreux éléphants, aux joues inondées par la sueur de rut ; ils vous attaquent et vous tuent ; ce qui fait du bois, mon amie, une chose affreuse !

« On y trouve les deux points extrêmes de la chaleur et du froid, la faim et la soif, les dangers sous mille formes ; ce qui fait du bois, mon amie, une chose affreuse !

« Les serpents et toutes les espèces de reptiles errent dans la forêt impénétrable au milieu des scorpions aux subtils venins ; ce qui fait du bois, mon amie, une chose affreuse !

« On rencontre dans les sentiers du bois, tantôt errants d’une marche tortueuse, comme les sinuosités d’une rivière, tantôt couchés dans les creux de la terre, une foule de serpents, dont le souffle et même le regard exhalent un poison mortel. Il faut traverser là des fleuves, dont l’approche est difficile, profonds, larges, vaseux, infestés par de longs crocodiles.

« C’est toujours sur un lit de feuilles ou sur un lit d’herbes, couches incommodes, que l’on a préparées de ses mains, sur le sein même de la terre, ô femme si délicate, que l’on cherche le sommeil dans la forêt déserte. On y mange pour seule nourriture des jujubes sauvages, les fruits de l’ingüa ou du myrobolan emblic, ceux du cyâmâka[1], le riz né sans culture ou le fruit amer du

  1. Panicum frumentaceum.