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inaccessible de tes pieds, mon seigneur, est, à mes yeux, préférable aux palais, aux châteaux, à la cour des rois, aux chars de nos Dieux, que dis-je ? au ciel même. Accorde-moi cette faveur : que j’aille, accompagnée de toi, au milieu de ces bois fréquentés seulement par des lions, des éléphants, des tigres, des sangliers et des ours ! J’habiterai avec bonheur au milieu des bois, heureuse d’y trouver un asile sous tes pieds, aussi contente d’y couler mes jours avec toi, que dans les palais du bienheureux Indra.

« J’emprunterai, comme toi, ma seule nourriture aux fruits et aux racines ; je ne serai d’aucune manière un fardeau incommode pour toi dans les forêts. Je désire habiter dans la joie ces forêts avec toi, au milieu de ces régions ombragées, délicieuses, embaumées par les senteurs des fleurs diverses. Là, plusieurs milliers mêmes d’années écoulées près de toi sembleraient à mon âme n’avoir duré qu’un seul jour. Le paradis sans toi me serait un séjour odieux, et l’enfer même avec toi ne peut m’être qu’un ciel préféré. »

À ces paroles de son épouse chère et dévouée, Râma fit cette réponse, lui exposant les nombreuses misères attachées à l’habitation au milieu des forêts : « Sîtâ, ton origine est de la plus haute noblesse, le devoir est une science que tu possèdes à fond, tu ceins la renommée comme un diadème : partant, il te sied d’écouter et de suivre ma parole. Je laisse mon âme ici en toi, et j’irai de corps seulement au milieu des bois, obéissant, malgré moi, à l’ordre émané de mon père.

« Moi, qui sais les dangers bien terribles des bois, je ne me sens pas la force de t’y mener, par compassion même pour toi.