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sidérer Bharata comme moi-même, et tu dois, par affection, voir une sœur dans Kêkéyî.

« Si Bharata laisse orner sa tête d’une couronne, que son père lui a donnée, ce n’est point là un crime pour en accuser le magnanime Bharata.

« Si Kêkéyî, à qui fut accordée jadis une grâce du roi, en obtient de son époux la réalisation aujourd’hui, est-ce là, dis-moi, un crime, dont elle se rend coupable ? Si jadis le roi s’est engagé avec une promesse et si maintenant, par la crainte du mensonge, il en donne à Kêkéyî l’accomplissement, y a-t-il en cela une faute pour blâmer ce roi, de qui la parole fut toujours une vérité ?

« Excuse-moi ! c’est une prière que je t’adresse ; ce n’est d’aucune manière une leçon. Veuille bien, mère vénérée, veuille bien m’accorder ta permission, à moi, victime consacrée déjà pour l’habitation des forêts solitaires. »

Ainsi disait le plus vertueux des hommes qui observent le devoir, ce Râma, qui, dirigeant son esprit avec sa pensée vers la résolution de s’enfoncer dans les forêts, suivi de Lakshmana, employa même de nouvelles paroles dans le but de persuader sa mère.

À ces paroles de son fils bien-aimé, elle répondit ces mots, noyés dans ses larmes : « Je n’ai pas la force d’habiter au milieu de mes rivales. Emmène-moi, mon fils, avec toi dans les bois, infestés par les animaux des forêts, si ta résolution d’y aller, par égard pour ton père, est bien arrêtée dans ton esprit. »

À ce langage, il répondit en ces termes : « Tant que son mari vit encore, c’est l’époux, et non le fils, qui est le Dieu pour une femme. Ta grandeur et moi pareillement, nous avons maintenant pour maître l’auguste monarque :