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Alors, déployant tous ses efforts, le vertueux rejeton de l’antique Raghou se mit à persuader sa mère avec un langage doux, modeste et plein de raisons : « Le roi, notre seigneur, l’emporte non-seulement sur moi, reine, mais encore sur ta majesté même, et ton autorité ne peut aller jusqu’à m’empêcher de lui obéir. Daigne, reine, ô toi, si pieuse et la plus distinguée entre ceux qui pratiquent le devoir, daigne m’accorder ta permission d’habiter les bois cinq ans surajoutés à neuf années.

« Car un époux est un Dieu pour la femme ; un époux est appelé Içvara[1] : ainsi, tu ne dois pas empêcher l’ordre signifié au nom de ton époux.

« Une fois ma promesse accomplie, grâces à ta permission bienveillante, je reviendrai ici heureux, sain et sauf : ainsi, calme-toi et ne t’afflige pas.

« Reine, excuse-moi : ton mari est ton Dieu et ton gourou ; ne veuille donc pas, dans ton amour aveugle pour moi, t’insurger contre l’arrêt de ton époux. Je dois obéir, sans balancer, à l’ordre émané de mon père le magnanime : cette conduite est ce qui sied le mieux à ta vertu et surtout à moi. Si, rétif de ma nature ou léger par mon âge, je résistais à la parole de mon père, ne serait-ce pas à toi, qui aimes l’obéissance, à me ramener dans sa voie ? À plus forte raison te convient-il, à toi qui sais tout le prix de la soumission, reine, d’augmenter bien davantage cette résolution dans mon esprit, qui l’a conçue naturellement.

« Que Kêkéyî à la haute fortune et Bharata à la haute renommée ne subissent pas le moindre mot qui puisse être une offense : excuse encore ce conseil. Il te faut con-

  1. Le seigneur, un des noms de Çiva.