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de ma rivale, et m’abandonner en proie à tous les feux du chagrin. Si tu suis le sentier de la vertu antique, toi qui en possèdes la science, sois docile à ma voix, reste ici, accomplis ce devoir le plus élevé de tous. Jadis, vainqueur des villes ennemies, Indra, sur l’ordre même de sa mère, immola ses frères les rivaux de sa puissance, et mérita ainsi l’empire des habitants du ciel. Tu me dois, mon fils, le même respect que tu dois à ton père : tu n’iras donc pas dans les bois au mépris de ma défense, car il est impossible que je vive, privée de toi. »

À ces mots de l’infortunée Kâauçalyâ, qui gémissait ainsi, Râma répondit en ces termes, que lui inspirait le sentiment de son devoir, à lui, qui était, pour ainsi dire, le devoir même incarné : « Il ne m’est aucunement permis de transgresser les paroles de mon père. Je te prie, la tête courbée à les pieds, d’accepter mon excuse ; j’exécuterai la parole de mon père ! Certes ! je ne serai pas le seul qui aurai jamais obéi à la voix d’un père ! Et d’ailleurs ce qu’on vante le plus dans la vie des hommes saints, n’est-ce point d’habiter les forêts ?

« Ordinairement, c’est la route foulée par les hommes de bien qu’on se plaît à suivre : j’accomplirai donc la parole de mon père : que je n’en sois pas moins aimé par toi, bonne mère ! Les éloges ne s’adressent jamais à quiconque ne fait pas ce qu’ordonne son père. »

Il dit ; et, quand il eut parlé de cette manière à Kâauçalyâ, il tint à Lakshmana ce langage : « Je connais, Lakshmana, la nature infiniment élevée de ton dévouement : ta vie est toute pour moi, je le sais encore, Lakshmana. Mais toi, faute de savoir, tu rends plus déchirante la flèche dont m’a percé la douleur.

N’arrive jamais ce temps où je pourrais encore dé-