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après qu’il eut dit : « Râma ? » N’aurais-je pas commis une faute, soit d’ignorance, soit d’inattention ? »

Ensuite Râma, tel qu’un malheureux consumé de chagrin, jeta sur Kêkéyi un regard de son visage consterné et lui tint ce langage : « Reine, n’aurais-je point commis par ignorance je ne sais quelle offense contre le maître de la terre ; offense, pour laquelle, triste et le visage sans couleur, il ne daigne plus me parler ? Ce qui fait son tourment, est-ce une peine de corps ou d’esprit ? Est-ce la haine d’un ennemi ? car il n’est guère possible de conserver une paix inaltérable. Reine, est-il arrivé quelque malheur à Bharata, ce jeune prince, les délices de son père ? En est-il arrivé même à Çatroughna ? Ou bien encore aux épouses du roi ? Ne suis-je pas tombé par ignorance dans une faute qui a soulevé contre moi le courroux de mon père ? Dis-le-moi ; obtiens de lui mon pardon ! »

Elle, à qui la bonne foi et la véracité du jeune prince était bien connues, Kêkéyî, cette âme vile, corrompue aux discours de la Mantharâ, lui tint ce langage : « Jadis, noble enfant de Raghou, dans la guerre que les Dieux soutinrent contre les Démons, ton père, satisfait de mes bons services, m’accorda librement deux grâces. Je viens de lui en réclamer ici l’accomplissement : j’ai demandé pour Bharata le sacre, et pour toi un exil de quatorze ans. Si donc tu veux conserver à ton père sa haute renommée de sincérité dans les promesses, ou si tu as résolu de soutenir dans ta parole même toute sa vérité, abandonne ce diadème, quitte ce pays, erre dans les forêts sept et sept années, à compter de ce jour, endossant une peau de bête pour vêtement et roulant tes cheveux comme le djatà des anachorètes. »

Alors il se réfugia dans la force de son âme pour sou-