malgré son impétuosité. Alarka même s’arracha les deux yeux pour les donner au brahme qui l’implorait : action, qui valut au saint roi de monter, après cette vie, dans les demeures célestes.
« Pourquoi donc, si tu es vrai dans tes promesses, toi qui, au temps passé, voulus bien m’accorder ces deux grâces, pourquoi, dis-je, m’en refuses-tu aujourd’hui l’accomplissement, comme un avare et un homme vil ? Envoie Râma, ton fils, habiter les forêts ! Si tu ne combles pas maintenant le désir manifesté dans mes paroles, je vais, ô roi, jeter là ma vie sous tes yeux mêmes ! »
Le monarque, enlacé par Kêkéyî, comme autrefois Bali par Vishnou, dans les rets de ses artifices, ne put alors en déchirer les mailles.
Quand la nuit commençait à s’éclaircir aux premières lueurs de l’aube matinale, Soumantra vint à la porte, et, s’y tenant les mains jointes, il réveilla son maître : « Ô roi, voici que ta nuit s’est déjà bien éclairée, disait-il : que sur toi descende la félicité ! Réveille-toi, ô tigre des hommes ! Recueille et le bonheur et les biens ! Croîs en richesses, puissant monarque de la terre, croîs en toute abondance, tel que la mer se gonfle et croît au lever de la pleine lune ! Comme le soleil, comme la lune, comme Indra, comme Varouna jouissent de leur opulence et de leur félicité, jouis ainsi des tiennes, auguste dominateur de la terre ! »
Quand il entendit son écuyer lui chanter ces heureux souhaits, vœux accoutumés pour son réveil, le monarque, consumé par sa douleur immense, lui adressa la parole en ces termes : « Pourquoi viens-tu, conducteur de mon char, pourquoi viens-tu me féliciter, moi, de qui la tris-