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tu veuilles obtenir, je te le donne, hors l’exil de Râma : oui, tout : ce qui est à moi, ou même, si tu la veux, ma vie ! »

Ainsi conjurant et conjurée, elle d’une âme si corrompue et lui d’une âme si pure, cette femme cruelle à son époux n’accorda rien aux prières de ce roi, sur les joues duquel tombaient des larmes et dont les tourments intérieurs se révélaient aux yeux par les formes bien tourmentées de sa personne. Ensuite, quand le monarque vit son épouse, affermie dans la méchanceté, parler encore avec inimitié sur l’odieuse action d’exiler son fils, il perdit une seconde fois la connaissance et, couché sur la terre, il sanglota dans la tristesse et le trouble de son âme.

Tandis que son époux désolé, malade du chagrin, dont l’injuste exil de son fils tourmentait son cœur, et tombé sans connaissance sur la terre, se débattait convulsivement, Kêkéyi lui jeta ces nouvelles paroles : « Pourquoi es-tu là gisant, évanoui sur la face de la terre, comme si tu avais commis un lourd péché, quand tu m’accordas spontanément les deux grâces ? Ce qui est digne de toi, c’est de rester ferme dans la vérité de la promesse.

« Le premier devoir, c’est la vérité, ont dit ces hommes sincères qui savent les devoirs : si tu fus sollicité par moi, c’est que je m’étais dit, car je pensais te connaître : « Sa parole est une vérité ! » Çivi, le maître de la terre, ayant sauvé la vie d’une colombe, s’arracha le cœur à lui-même, pour ne pas manquer à sa promesse, et le fit manger au vautour : c’est ainsi qu’il mérita de passer au ciel en quittant la terre. Jadis, certaines limites furent acceptées de l’Océan, ce roi des fleuves ; et, depuis lors, fidèle à son traité, il n’est jamais sorti de ses rivages,