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femme à la pensée coupable désirait la perte : « Une chose bien grave te menace, une chose que tu ne dois pas tolérer, ô ma reine : c’est que le roi Daçaratha se dispose à consacrer son fils Râma comme héritier de sa couronne.

« Telle qu’une mère, à qui, séduite par un langage artificieux, sa bienveillance a fait recueillir un ennemi : ainsi, toi, imprudente, tu as réchauffé un serpent dans ton sein ! En effet, ce que pourrait faire, soit un serpent, soit un ennemi, que tu ne vois pas derrière toi et comme sous tes pieds, Daçaratha le fait aujourd’hui à ton fils et à toi. L’épouse bien-aimée de ce roi au langage traître et mensonger va mettre son Râma sur le trône ; et toi, imprévoyante créature, tu seras immolée avec ton enfant ! »

À ces paroles de la bossue, Kêkéyî, ravie de joie, ôta de sa parure un brillant joyau et l’offrit en cadeau à la Mantharâ. Quand elle eut donné à la perfide suivante ce magnifique bijou, en témoignage du plaisir que lui inspirait sa nouvelle, Kêkéyî enchantée lui répondit alors en ces termes : « Mantharâ, ce que tu viens de raconter m’est agréable ; c’est une chose que je désirais : aussi ai-je du plaisir à te donner une seconde fois ce gage de ma vive satisfaction. Il n’y a dans mon cœur aucune différence même entre Bharata et Râma : je verrai donc avec bonheur que le roi donne l’onction royale à celui-ci. »

À ces mots, rejetant le bijou de Kêkéyî, Mantharâ lui répondit en ces termes, accompagnés d’une imprécation : « Pourquoi, femme ignorante, te réjouis-tu, quand le danger plane sur toi ? Ne comprends-tu pas que tu es submergée dans un océan de tristesse ? Tu le veux, insen-