Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette liqueur toute composée avec des sucs immortels : reçois donc ce vase, ô toi qui es la joie de la maison d’Ikshwâkou ! » Alors, inclinant sa tête, le monarque reçut la précieuse amphore, et dit : « Seigneur, que dois-je en faire ? » — « Roi, je te donne en ce vase, répondit au monarque l’être émané du créateur même, je te donne en lui ce bonheur qui est le cher objet de ton pieux sacrifice. Prends donc, ô le plus éminent des hommes, et donne à tes chastes épouses ce breuvage, que les Dieux eux-mêmes ont composé. Qu’elles savourent ce nectar, auguste monarque : il fait naître de la santé, des richesses, des enfants aux femmes qui boivent sa liqueur efficace. »

Ensuite, quand elle eut donné au monarque le breuvage incomparable, cette apparition merveilleuse de s’évanouir aussitôt dans les airs ; et Daçaratha, se voyant maître enfin du nectar saint distillé par les Dieux, fut ravi d’une joie suprême, comme un pauvre aux mains de qui tomberait soudain la richesse. Il entra dans son gynécée, et dit à Kâauçalyâ : « Reine, savoure cette boisson génératrice, dont l’efficacité doit opérer son bien en toi-même. »

Ayant ainsi parlé, son époux, qui avait partagé lui-même cette ambroisie en quatre portions égales, en servit deux parts à Kâauçalyâ, et donna à Kêkéyî une moitié de la moitié restante. Puis, ayant coupé en deux sa quatrième portion, le monarque en fit boire une moitié à Soumitrâ : ensuite il réfléchit, et donna encore à Soumitrâ ce qui restait du nectar composé par les Dieux.

Suivant l’ordre où ces femmes avaient bu la nonpareille ambroisie, donnée par le roi même au comble de la