1. Nârâyana Vishnu, ainsi sollicité par les éminents Suras, bien que sachant (à quoi s’en tenir), leur tint cet affectueux langage.
2. Quel est donc, ô Suras, le moyen de combattre le chef des Râkshasas, (celui) que je dois employer pour détruire le tourmenteur des Rĭshis ?
3. Ainsi interrogés, tous les Suras répondirent à l’immuable Vishnu : Prends une forme humaine, et triomphe de Râvana dans la lutte.
4. Le (Râkshasa), dompteur de ses ennemis, pratiqua de rudes austérités pendant longtemps ; il plut ainsi à Brahmâ, l’auteur des mondes, né avant eux.
5. Dans son contentement, le Seigneur accorda au Râkshasa la faveur de n’avoir rien à redouter des êtres divers ; (toutefois), il ne fut point question de l’homme.
6. Par dédain pour eux (Râvana) ne fit point comprendre les hommes dans ce privilège, enorgueilli par l’obtention de la faveur de l’Aïeul.
7. Il détruit les trois mondes et tourmente même les femmes. Les hommes seuls peuvent lui donner la mort, ô toi le fléau de tes ennemis.
8. Ayant ouï ces paroles des Suras, Vishnu, maître de lui-même, se choisit alors comme père le roi Daçaratha.
9. En ce même temps, ce prince glorieux, le meurtrier de ses ennemis, n’ayant point de fils et désirant en avoir, offrait dans ce but un sacrifice spécial.
10. Vishnu, ayant pris sa résolution et salué l’Aïeul, disparut au milieu des honneurs que lui rendaient les Devas et les grands Rĭshis.
11. Alors, pendant que (Daçaratha) sacrifiait, apparut sortant du feu sacré un être d’un éclat sans rival, merveilleux de puissance et de force.