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de juger lesquels des colons blancs ou de couleur doivent être les plus partisans de notre révolution. Deux questions suffiront pour en juger. Que perdent les hommes de couleur à la révolution ? Rien ; ils y gagnent, tout au contraire, l’abolition d’un préjugé qui leur attiroit des vexations infinies de tous les genres, et qui les exposoient à chaque instant à voir et leur vie et leurs fortunes ravies par le premier blanc[1]. Comment les hommes de couleur pourroient-ils rejetter une constitution qui, en les délivrant d’une pareille loi, les feroit rentrer dans les droits imprescriptibles de l’homme ? Quant aux loix qui doivent naitre de la constitution d’un peuple libre, concernant l’acquittement des dettes et la conservation des propriétés, les hommes de couleur n’ont point à les appréhender ; au contraire, leurs propriétés sont liquidées, et ils ont de grandes et de nombreuses réclamations à faire

  1. Sous l’ancien régime, un homme de couleur qui, frappé par un blanc, vouloit se défendre, étoit condamné à la mort. Voyez les considérations sur Saint-Domingue, par Illiard d’Auberteuil, tome ii, page 72 et suivantes. Qu’on ne croye pas cette coutume barbare soit sans exemple ; les seuls arrêts de mort qui existent contre les hommes de couleur libres, n’ont pas d’autres motifs ; qu’on consulte les registres des greffes des colonies.