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Mais n’anticipons pas, et reprenons la suite des faits. L’assemblée coloniale formée, sans la participation de la moitié de la population libre des citoyens de couleur, marchoit d’un pas rapide à l’indépendance, ou tout au moins à une scission. L’on ne sait où elle fût parvenue, dans un moment où la colonie étoit sans forces réprimantes, où les troupes n’obéissoient plus à la voix de leurs chefs légitimes, si le général, M. Peynier, et M. Mauduit, n’eussent appelés à leur secours les hommes de couleur, pour dissoudre cette assemblée. Dans ce moment de crise, les partisans de l’assemblée coloniale proposèrent aux hommes de couleur du Cap de courir sur le parti qui lui étoit opposé, qu’on leur abandonneroit la fortune de ceux qu’ils tueroient. Les hommes de couleur rejettèrent avec indignation ces propositions : ils étoient loin de penser alors que, peu de jours après, il se trouveroit des blancs assez atroces pour accepter de pareilles propositions faites contre eux.

Mais l’arrivée du malheureux Ogé dans les colonies, leur fit bientôt connoître ce que pouvoient commettre de crimes les blancs. Ogé étoit repassé à S.-Domingue après les décrets des 8 et 28 mars ; il alloit les annoncer à ses frères, et en demander l’exécution. En effet, sa pre-