Page:Raimond - Origine des troubles de Saint-Domingue, 1792.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(13)

couleur pétitionnaires, on les renvoye en les menaçant de fusiller le premier des leurs qui oseroit sortir de chez lui.

Cette alarme et ces faux bruits répandus par ces brigands, se multiplient et gagnent les quartiers voisins ; par-tout des blancs, de la trempe de ces brigands, courent chez tous les hommes de couleur pour les massacrer, sous le prétexte qu’ils complotent contre les blancs.

À Aquin, distant de 14 lieues du petit Goave, où avoit été commis l’assassinat de M. Ferrand, 25 blancs s’arment dans une nuit, et vont chez trois des plus riches propriétaires hommes de couleur pour les assassiner. Deux se trouvent absens, parce qu’ils étoient aux Cayes pour y remplir leurs fonctions d’électeurs ; leurs portes sont enfoncées, leurs épouses insultées, leurs meubles brisés ; leurs papiers sont saisis et emportés, parce qu’on croyoit y trouver des preuves de leurs prétendus complots. Ces mêmes blancs vont ensuite sur l’habitation du troisième ; c’étoit un vieillard de 70 ans ; ils frappent avec violence à sa porte, et toutes les voix lui crient ces mots terribles : ouvre, gueux, nous voulons ta tête. Le vieillard, absolument seul avec un jeune domestique, se lève et s’arme comme il peut ; il barricade ses portes ; mais ces brigands les enfoncent à coups de hache. Les portes abattues ils n’osent entrer, et tirent chacun leur coup de fusil,