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évènemens déjà connus suffisamment[1]. Hélas ! Ils devroient être oubliés de tous les partis, pour le bien général  ; car il ne pourra jamais s’opérer que quand il cessera d’y avoir, dans la colonie des traîtres habiles, qui emploieront tous leurs moyens, pour éloigner, par des souvenirs douloureux, ceux qui ont le plus grand intérêt à se réunir.

Ce que je dis ici doit déjà faire appercevoir un des moyens à employer pour parvenir au but que l’on se propose.

La révolution, en passant dans nos colonies, n’y prit pas le même caractère qu’elle avoit pris en France : plusieurs causes s’y opposoient ; la première étoit sans doute le préjugé de la couleur ; mais il faut expliquer comment le gouvernement et des hommes orgueilleux étoient parvenus à persuader à la majorité des colons, que l’organisation de la colonie ne pouvoit se soutenir, qu’en établissant ce qu’ils appelloient une ligne intermédiaire entre les hommes blancs et les esclaves. Le gouvernement avoit mis en axiôme, que, si jamais cet intermédiaire venoit à disparoître la dissolution et la perte totale des colonies en seroient infailliblement la suite.

  1. L’ouvrage de Mina ci-joint y suppléera.