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Cette petite digression, loin de nous avoir jetté hors de notre sujet, nous y ramène, puisqu’elle étoit essentielle pour faire connoître l’esprit du gouvernement et ses intrigues. C’est ce même esprit qu’il a suivi au commencement de la révolution ; mais un plan plus vaste fut développé en raison des circonstances, pour détruire cette heureuse révolution : c’est ce plan, que nous allons suivre dans tous ses développemens, indiquer les crises auxquelles il a donné lieu, et les différens partis qu’il a fait naître d’après les caractères et les vues personnelles des individus qui composoient à cette époque la population des colonies.

Ce qu’on appelloit à Saint-Domingue le gouvernement, pour éviter la chûte dont il étoit menacé par une suite de notre révolution s’attacha d’abord à empêcher quelle ne propageât : il faut le dire ; il trouva tout favorable à ses intentions perfides. Qu’allez-vous faire, dit-il, au peuple blanc qu’il vit s’ébranler aux premières nouvelles qu’il reçut de la révolution ? « Ne voyez-vous pas que ce pays ne peut suivre les mouvemens de la métropole sans s’anéantir et entraîner la ruine de la France ». Mettant ensuite à profit le préjugé de la couleur, il sut adroitement insinuer et persuader à une grande majorité d’individus, que s’ils