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— Oui, c’est moi, dis-je en m’avançant, et vous devez comprendre combien je l’aimais !

Nous confondîmes un moment nos douleurs et nos larmes. Enfin la sœur de Pia me dit :

— Dans notre malheur nous devons encore bénir le ciel, qui vient de faire presque un miracle en rendant la parole à ce cher enfant. Et c’est par vous que cela est arrivé : Soyez béni, et si Dieu n’a pas voulu me faire votre sœur, aux yeux du monde, je la suis et la serai toujours par le cœur.

Falghieri ne put que me serrer la main, mais son étreinte m’en dit assez pour me faire croire que j’avais un ami de plus. Nino m’embrassa en répétant : Pia, Pia !

Cher enfant ! que ce premier mot que tu as prononcé te porte bonheur !

Cette journée de dimanche ne devait pas finir sans une nouvelle émotion pour moi. Pendant que j’étais occupé du soin d’arroser les fleurs de la tombe de Pia, une jeune femme vint s’agenouiller près de celle de sir Edwards. Je la reconnus malgré le voile épais qui couvrait son visage : c’était miss Margaret. Après une courte prière, elle se releva et me dit sans découvrir ses traits :

— Signor Carlo, il est difficile de trouver le bonheur sur la terre.

— C’est vrai, lui répondis-je, mais nous le trouverons là-haut !