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contient tout ce que j’ai aimé, lorsque j’aperçus les Falghieri, qui venaient faire une visite à la pauvre Pia. Je me dissimulai derrière le monument de sir Edwards, et je les suivis du regard. Nino marchait à côté de sa mère, examinant tout ce qui l’entourait avec un étonnement mêlé de crainte. Arrivé au pied de l’enceinte grillée, il regarda, puis tout à coup, comme s’il subissait l’influence d’un dieu qui l’agitait intérieurement, il fit un effort convulsif et s’écria : Pia ! Pia, la zia Pia !

Le cher petit muet venait de retrouver la parole. Son père et sa mère, bien près de croire à un miracle, se mirent à l’embrasser avec une religieuse effusion. Nino, heureux et triomphant, répéta les mêmes paroles en désignant le buste. Alors la sœur de Pia regarda longuement, tendrement. Je lisais dans ses yeux et sur son visage, tour à tour, la tristesse, la joie, l’admiration, puis je l’entendis dire à son mari qui restait comme pétrifié.

Comme c’est bien elle ! comme elle lui ressemble ! on dirait qu’elle va parler. Il n’y a que le signor Carlo Rinaldi capable de nous l’avoir rendue ainsi. Bien sûr, c’est lui.