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plaie, raviver toute ma souffrance. J’avais beau demander à un travail incessant l’apaisement de mon cœur, je sentais que Pia le remplissait tout entier et l’agitait encore, en y faisant entrer tour à tour l’espérance et le désespoir, les regrets et les remords.

Ne pouvant pas vivre sans nouvelles de Pia, j’écrivais de temps en temps à Peppina Balzani. Par elle je savais que ma bien-aimée, avec qui elle s’était reconciliée, avait peu à peu reperdu cette brillante santé dont j’étais si fier ; car elle m’avait dit que c’était à moi qu’elle devait de l’avoir recouvrée. Je savais aussi que sir Edwards était un visiteur assidu de la famille Falghieri, et que le bruit s’était répandu qu’il avait demandé la main de Pia, et que celle-ci la lui avait refusée. Tout le monde taxait ce refus de folie, Peppina me disait dans une de ses lettres qu’elle croyait que Pia m’aimait toujours, et qu’elle en trouvait la preuve dans le redoublement de tristesse que lui avait causé la nouvelle du départ, pour la France, de miss Margaret et de M. Palmer. Elle prétendait que la jeune Américaine n’avait pas d’autre but que de me retrouver à Paris. Il est certain que miss Margaret avait découvert mon domicile et était venue me voir. Mais toutes ses tentatives pour revenir sur un passé, qui avait pu lui être cher, étaient restées sans résultat. Enfin une nouvelle let-