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Peppina, je ne t’ai rien fait, moi. Je suis ton amie constante et dévouée. Tu ne me quitteras pas sans m’embrasser.

— T’embrasser ? jamais, entends-tu bien, jamais ! et elle fit un pas en arrière.

Elle était frappée au cœur.


VIII


Enfin elle partit, sans me dire un seul mot.

J’étais dans la désolation.

Après m’être excusé auprès de Peppina, qui me traita de fou, et me reprocha amèrement tout le mal que je venais de faire, je m’élançai sur la route.

J’aperçus bientôt Pia qui hâtait le pas. Je voulus d’abord courir jusqu’à elle, lui parler et lui faire comprendre sous quelle influence j’étais quand j’avais agi de manière à la froisser dans ses sentiments les plus tendres. Timide et plein de repentir, je me plaçai près d’elle ; j’espérais un retour de sa part. Mais elle ne détourna pas même la tête. Cette sévérité, qui me sembla excessive, finit par m’irriter, et ne me sentant pas d’ailleurs aussi coupable que je pouvais le paraître, je passai mon chemin, avec le geste d’un homme, qui, ayant fait tout ce qu’il pouvait faire, renonce à tenter un nouvel effort. De ce moment, l’amour-propre se mit de la partie et creusa un abîme entre nous.