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— C’est pour mieux vous entendre et vous voir.

— Dites plutôt qu’ils m’ont trop vue et entendue ; ils se sont envolés… sans doute comme mon ange gardien.

— C’est moi qui serai désormais votre ange gardien et qui veillerai sur vous avec toute la sollicitude d’un ami, d’un frère, et tout l’amour d’un époux.

Alors elle leva ses yeux vers moi, et s’appuyant fortement sur mon bras elle me dit :

— Oh ! vous l’avez enfin prononcé ce mot enchanteur qui fait taire mes regrets. Comme une rosée céleste, il vient rafraîchir mon âme et relever mon espoir. Oui, n’est-ce pas, vous serez mon époux ; nous marcherons dans la vie fiers l’un de l’autre et unis pour toujours.

— Oui, ma belle Pia. Mais encore un baiser.

— Non, non, l’enfant est là.

Et quittant vivement mon bras, elle prit Nino par la main et se mit à courir avec lui jusqu’à ce qu’elle fût sortie de la prairie. Je les rejoignis, et nous gravîmes la colline jusqu’à la maisonnette de Peppina. Chemin faisant, j’adressai de doux reproches à Pia, mais au fond je me sentais heureux de son refus.

Peppina nous reçut avec sa bonté ordinaire. Plût à Dieu que ce jour-là je ne fusse pas rentré chez elle ! C’est de là que vient tout mon malheur.