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qui devrais vous remercier à genoux de ces paroles qui m’enchantent ! Oh ! parlez, parlez encore.

— Puisque vous le voulez, je vous dirai qu’il me semble qu’en réchauffant mon cœur, votre amour a éclairé mon esprit. Je vois, je sens, je comprends des choses dont je ne me doutais pas. Ainsi, avant de vous connaître, je vivais sans doute ; mais jamais je ne m’étais demandé comment, pourquoi et par qui je vivais. J’existais comme la fleur qui ignore où vont ses parfums, j’existais ou plutôt je subissais l’existence. J’avais des sensations et je ne m’en rendais pas compte. Tout mon être restait en moi-même sans éprouver le besoin d’en sortir. Mais, aujourd’hui, tout est changé. Je savoure pour ainsi dire la vie. Je fais la différence entre la douceur et l’amertume ; car j’ai des joies et des tristesses, des espérances et des craintes, je cherche et je veux trouver, j’ai un but enfin, et je veux l’atteindre, et c’est vous qui êtes au bout de tout cela. Si je dis des folies, ne me grondez pas trop, j’ai tant de bonheur à vous les dire !

— Et moi, tant de bonheur à les entendre que j’en reste ravi et presque muet d’étonnement et d’admiration. Je ne sais plus vous répondre que par ces mots : Pia ; je vous aime !

— Et vous m’aimerez toujours ?

— Toujours !

— Sans partage ?