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Sans y songer le moins du monde, j’étais arrivé à Prato vers le temps de sa fête patronale. Quand je vis les préparatifs qui se faisaient, j’en éprouvai un certain plaisir ; car j’espérais que le jour de la fête me fournirait un moyen d’entretenir Pia seul à seule et plus longuement que je n’avais pu le faire. Tout alla selon mes souhaits. Le dimanche, vers les quatre heures de l’après-midi, tandis que tout le monde se livrait au plaisir, et que chacun, occupé de ce qui le touche de plus près, n’a ni le temps ni la pensée de s’inquiéter des autres, je rencontrai ma belle et chère Pia, accompagnée de Nino. Sans être trop empressé près d’elle, afin de n’attirer les regards de personne, je la suivis dans sa promenade à travers le champ de la fête, et puis, peu à peu, nous sortîmes de la ville. Nous primes à gauche par un chemin creux, bordé d’aveliniers, qui, en se croisant au-dessus de nos têtes, formaient un berceau de verdure impénétrable aux rayons du soleil. La nature était et surtout nous paraissait d’autant plus calme que la ville en fête était plus agitée et plus bruyante. La solitude et le silence régnaient autour de nous. Moi, qui, un instant auparavant, au milieu de la foule, désirais ardemment avoir un tête-à-tête avec Pia, pour pouvoir lui exprimer les sentiments que je sentais bouil-