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V


Comme j’entrais chez moi, le petit Nino, qui jouait devant la boutique de son père, m’aperçut, et courut à moi en poussant des cris de joie. Je l’embrassai, et il me suivit dans mon appartement. La Gazza me dit qu’elle l’avait vu souvent venir frapper à la porte de mon atelier. Pauvre petit chérubin, il ne m’avait pas oublié, lui ! Je lui donnai tous les petits objets qui me tombèrent sous la main, et que je supposai pouvoir lui servir de jouets. Il était comme fou de bonheur, et à chaque instant il me prenait par la main et cherchait à m’entraîner. Je voyais bien qu’il voulait me conduire chez lui. Je profitai habilement de cette disposition qui rendait toute naturelle ma rentrée chez les Falghieri. Je descendis donc bientôt, et me laissant pour ainsi dire mener par lui, je traversai la rue et pénétrai dans la boutique où je ne voyais personne. Nino, me tenant toujours par la main, poussait ses petits cris d’appel.

Bientôt Pia parut à la porte de la pièce qui faisait suite à la boutique. En me voyant elle poussa une exclamation et s’arrêta. Elle ne pouvait plus avancer. Je la vis fermer les yeux, et, comme une personne qui va défaillir, elle chercha un appui contre le mur. Je me précipitai, et entourant sa taille d’un de mes bras, je la soutins. Elle fit un effort, se dégagea et vint s’asseoir à sa place ordinaire.