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alors sans doute dans mes yeux le sentiment de tendre sympathie qui m’animait, il s’élança vers moi et se jeta dans mes bras pour m’embrasser. Je laissai partir l’étrange petite créature, et je restai tout songeur.

Il fut trois jours sans reparaître. J’étais inquiet de son absence ; à chaque instant je jetais un coup d’œil au dehors dans l’espérance de le revoir. Enfin le quatrième jour, je l’aperçus à l’extrémité de la voûte. J’en fus si heureux que je courus le prendre par la main, et je le fis entrer. Je l’accablai de caresses, les entremêlant de reproches sur le long temps de son absence. Voyant qu’il ne me répondait pas plus que les jours précédents, je lui dis avec une certaine impatience : Tu n’as donc pas de langue ? Il me sourit et pour me prouver que je me trompais, il me montra sa langue dans toute sa longueur. — Parle-moi donc alors, petit entêté, lui dis-je avec vivacité.

L’enfant fit un mouvement d’épaules et roula ses yeux d’une façon tout étrange. Je crus qu’il voulait me dire : je ne demanderais pas mieux, mais je ne le puis, ou je ne le dois pas. Je m’imaginai que les parents, craignant sa loquacité, lui avaient recommandé d’être bien sage et de ne pas bavarder. Je