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En revoyant Pia, j’eus un éblouissement ; mon cœur battit avec force. Peu à peu mes yeux enchantés, et comme s’habituant à la rayonnante splendeur de cette angélique beauté, purent en détailler les traits. Pia, comme toutes les jeunes filles appartenant à des familles de bourgeois et de riches artisans, était vêtue à la française. Elle portait une robe de rége grise formant tunique sur une jupe de soie rose. Sur son corsage blanc, qui dessinait admirablement les formes harmonieuses de sa poitrine et de ses épaules, était jeté un fichu de dentelle, croisé par devant, et négligemment noué par derrière. Haute de stature, elle avait le port d’une reine, dont la grâce et la bonté auraient tempéré la majesté. Mais c’était surtout son visage qu’on était forcé d’admirer. Figurez-vous, mon ami, tout ce que vous avez pu voir de plus beau, de plus correct et de plus pur dans les linéaments de filles du Transtévère et donnez à cette tête la chevelure luxuriante, ondoyante et soyeuse, le teint blanc, doux et fleuri d’une jeune fille du Nord.

— Mais c’était une merveille que votre Pia !

— Oui, au physique et au moral. Jamais enveloppe mortelle n’avait caché plus belle âme. La bonté qui s’en échappait par ses beaux yeux, en rayons ardents, vous péné-