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Lorsque Jane Austen écrit Mansfield Park, elle a trente-huit ans. Si heureuse et si calme qu’ait été sa vie, elle a cependant eu ses épreuves et ses ennuis. Aussi nous allons trouver dans cette œuvre de sa maturité une satire plus âpre de la bêtise et de la méchanceté humaines ; son rire deviendra quelquefois ricanement, et ses phrases seront plus cinglantes. En même temps le champ de ses observations s’est élargi ; le roman est plus touffu, les conditions des personnages plus mêlées. L’étude ne porte plus seulement sur la chasse à la dot, mais sur les mésintelligences et les rivalités des membres d’une même famille, les souffrances et les jalousies des parents pauvres. Nous y trouvons une image plus complète de la vie.

Lady Thomas Bertram, Mrs. Norris et Mrs. Price sont trois sœurs ; mais la fortune leur a souri inégalement. Lady Bertram a épousé un baronet fort riche ; la seconde a dû se contenter d’un pasteur, ami du baronet ; et la dernière a presque déconsidéré sa famille en se mariant à un vulgaire officier de marine marchande, sans éducation ni fortune, d’où rupture avec ses deux aînées. Après onze ans de silence, Mrs. Price, affligée de neuf enfants, implore l’aide de son beau frère, Sir Thomas Bertram. Mrs. Norris, restée sans enfants, et qui aime à se donner de l’importance, suggère de faire venir la fille aînée, âgée de neuf ans. Sir Thomas Bertram hésite : c’est une grosse charge et une grande responsabilité, car il a déjà deux garçons et deux filles. Mrs. Norris répond à toutes les objections, et laisse entendre qu’elle participera largement aux dépenses et à l’éducation. Sir Thomas Bertram se laisse convaincre ; mais quand la petite Fanny arrive, et qu’il s’agit de décider si elle ira d’abord chez sa tante Norris ou chez