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devenir des amies. Toute l’antipathie d’Elisabeth a disparu ; elle voudrait que Darcy fut heureux, mais elle ne sait pas encore jusqu’à quel point elle désire contribuer à son bonheur.

Un drame de famille va rendre la capitulation de l’orgueil plus complète, et élever la sympathie d’Elisabeth au niveau de l’amour de Darcy. Lydia, la troisième fille de Mrs. Bennet, s’est fait enlever par Wickham. L’aventurier, criblé de dettes, à la recherche d’une riche héritière, ne voit certainement dans l’étourdie jeune fille qu’un amusement de quelques mois. Elisabeth est consternée ; ce scandale va encore abaisser sa famille aux yeux de Darcy. Elle rentre en toute hâte consoler son père, qui cette fois a perdu sa belle insouciance. Mais contre toutes les prévisions, Wickham épouse Lydia malgré la modicité de la dot. Une lettre de son oncle apprend à Elisabeth qu’une intervention généreuse et cachée a décidé le mauvais sujet au mariage ; et l’écervelée Lydia révèle que c’est Darcy qui a payé les dettes, ajouté à la dot, fait réintégrer Wickham dans l’armée, à l’autre bout de l’Angleterre. Elisabeth ne sait si elle doit se réjouir de cette preuve d’amour, ou voir dans le mariage de Lydia l’obstacle définitif à tout rapprochement avec Darcy. Comment pourra-t-il jamais se résoudre à devenir le beau-frère du vaurien qui a cherché à enlever sa jeune sœur ?

Elle n’a pas à souffrir longtemps dans l’incertitude. Darcy lui-même ramène son ami Bingley près de Jane. Mrs. Bennet, qui ne sait rien du revirement de Darcy, lui fait grise mine, mais reçoit son ami avec enthousiasme, bien résolue à ne pas laisser cette fois le propriétaire de Netherfield quitter le pays sans emmener une des demoiselles Bennet avec lui. Mrs. Bennet a beau être maladroite et étaler ses filets avec trop d’impudence, les deux amis refusent de s’effrayer, ils veulent absolument s’y faire prendre, et Jane est bientôt fiancée.