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Mrs. Bennet ne se doute pas de l’immense satisfaction que cette défaite passagère va apporter à son orgueil maternel. Peu de temps après son mariage, Charlotte Lucas, devenue Mrs. Collins, invite Elisabeth à venir passer quelques semaines chez elle. Le presbytère est tout près du château de Lady Catherine de Bourgh ; celle-ci reçoit fréquemment son pasteur ; et elle lui demande d’amener l’amie de sa femme.

Lady Catherine n’est pas une hôtesse des plus agréables ; ses manières ne laissent jamais oublier à ses visiteurs l’infériorité de leur rang. Si l’honneur d’être reçu par une si grande dame remplit d’aise Mr. Collins sa femme et son beau-père Sir William Lucas, Elisabeth ne se sent nullement flattée des indiscrètes et autoritaires questions de Lady Catherine sur sa famille et l’éducation de ses sœurs. Darcy est précisément chez sa tante avec son cousin Fitzwilliam ; celui-ci ne cache pas son admiration pour la jeune fille et flirte avec elle ; la jalousie de Darcy s’éveille, et il rivalise de prévenances avec son cousin. Lady Catherine de Bourgh, qui voudrait marier sa fille à son riche neveu, s’inquiète de voir auprès de Miss de Bourgh, petit laideron insignifiant et maladif, cette jolie jeune fille pleine de santé, de vie et d’esprit. Elle traite Elisabeth avec une condescendance insolemment protectrice, et met ainsi en lumière aux yeux de son neveu le tact et la dignité de la jeune fille. L’orgueil de Darcy diminue de plus en plus ; il daigne maintenant fréquenter assidûment le presbytère et il rencontre trop souvent Elisabeth dans ses promenades, pour que le hasard seul en soit responsable. Au contraire, l’aversion de la jeune fille croit en apprenant de Fitzwilliam que c’est Darcy qui a décidé Bingley à quitter Netherfield, et qu’il est la cause du désespoir de Jane.

Enfin Darcy doit s’avouer vaincu. Un jour qu’il trouve Elisabeth seule au presbytère, il la demande en mariage, mais en rageant intérieurement de sa faiblesse.