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et lui apporter à son lit de mort les paroles réconfortantes de la religion chrétienne. Tandis qu’elle parlait d’espérance dans ses lettres, elle était parfaitement consciente de son état sans en être épouvantée… La douceur de son caractère ne s’altéra jamais. Elle fut toujours prévenante et reconnaissante pour celles qui la soignaient. Dès qu’elle se sentait mieux, sa gaité revenait et elle les faisait rire même dans leur tristesse. Un jour, se croyant près de la mort, elle dit à ceux qui l’entouraient ce qu’elle pensait être ses dernières paroles. Elle remercia particulièrement sa belle-sœur : Vous avez toujours été une sœur pleine de dévouement pour moi, Mary », lui dit-elle. Quand enfin le moment suprême arriva, elle déclina rapidement, et, comme on lui demandait si elle désirait quelque chose, elle répondit : « Rien que la mort. » Ce fut ses derniers mots. Elle rendit le dernier soupir dans la paix et la tranquillité le 18 juillet 1817 [1]. »

Véritable déchirement pour sa sœur Cassandra et tous les siens, la mort de Jane Austen passa inaperçue du public, qui ignorait toujours le nom de l’auteur de Orgueil et Préventions. Les gazettes du temps ne mentionnent même pas son décès. Sur sa tombe, à l’intérieur de la cathédrale de Winchester, une simple dalle de marbre rappelle, en une longue inscription à la mode du temps : « La bienveillance de son cœur, la douceur de son caractère, les extraordinaires dons de son esprit, l’estime de tous ceux qui la connaissaient… »

De nombreux anglais illustres dans les lettres ou la politique vinrent jeter un regard respectueux sur la pierre qui recouvrait les restes de leur auteur favori. Ces visites intriguaient le gardien de l’Église, et, comme l’inscription était muette sur le genre de talent de la défunte, il se demandait avec ses amis ce qu’avait bien

  1. A memoir of Jane Austen, by J. E. Austen-Leigh.