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pas la première fois qu’elle quittait Steventon. Les deux sœurs étaient souvent invitées à passer quelques semaines chez leurs frères déjà mariés, chez des oncles ou des cousins. En 1796, elle avait fait un assez long voyage en compagnie de deux de ses frères pour aller visiter son frère Edward à Rowling, dans l’Est du comté de Kent. C’était juste avant de commencer Orgueil et Préventions, et c’est probablement le souvenir de son voyage qui lui a fait placer dans ce comté le domaine de Lady Catherine de Bourgh. Elle avait été à Bath, où résidait un de ses oncles du côté maternel, Mr. Leigh Perrot ; une autre fois, elle avait accompagné, avec sa mère, son frère Edward et sa femme qui allaient y passer un mois. Elle s’y était fort amusée, et nous retrouvons ses impressions dans L’Abbaye de Northanger, qu’elle écrivit à son retour.

Mais ce n’étaient que des absences passagères, avec la certitude de retrouver bientôt son cher Steventon, ses charmants bouquets d’arbres, le grand jardin si bien ombragé, le petit boudoir si intime, avec son piano et le bureau familier qui renfermait tous ses secrets. Il allait falloir abandonner tout cela pour les étroites et sèches maisons d’une ville. Jane adorait la campagne, jouissait en artiste des fins paysages du Hampshire, et elle était navrée de quitter le petit village natal, où elle avait été si heureuse.

Mais une longue mélancolie ne lui convenait guère. Elle trouva vite de bonnes raisons pour être satisfaite du changement. Les bals de Basingstoke n’étaient plus ce qu’ils étaient autrefois ; la bande joyeuse dont elle faisait partie s’était dispersée ; les frères s’étaient envolés dans toutes les directions, faisant brillamment leur chemin dans la vie, mais laissant un peu solitaire la maison paternelle. James l’aîné, était tout près d’eux, à Deane, et servait de vicaire à Mr. Austen ; mais sa femme n’était pas alors en très bons termes avec la famille de son