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suffisante de son travail. En novembre 1797, aussitôt après son insuccès auprès de Mr. Cadell, elle reprend son roman épistolaire Marianne et Elinor et le transforme complètement. Cela devient Raison et Sensibilité qu’elle termine dans le courant d’une année, et le manuscrit va tenir compagnie à Premières Impressions dans le fond du tiroir de son bureau. Puis elle commence aussitôt L’Abbaye de Northanger qui traîne un peu plus longtemps, jusqu’en 1803.

Ce petit désappointement ne lui avait rien fait perdre de sa bonne humeur. Elle préférait encore les parties de plaisir à la littérature, et, comme elle était jolie, amusante et gracieuse, les invitations ne manquaient pas. Il n’y a pas une lettre à sa sœur Cassandra où elle ne mentionne un bal, avec le nom de tous ses danseurs et les moindres détails de ses toilettes. « Il y a eu vingt danses et je les ai dansées toutes » écrit-elle avec une satisfaction enfantine en 1799.

Mr. Austen approchait de soixante-dix ans ; il avait besoin de repos, et il était inquiet au sujet de la santé de sa femme. Celle-ci se plaignait souvent de divers malaises, peut-être avec un peu de complaisance, comme semble l’indiquer une lettre, ni très charitable, ni très respectueuse, de Jane à Cassandra : « Ma mère continue à se bien porter, elle a bon appétit, elle dort bien, mais elle se plaint de temps en temps d’asthme, d’hydropysie, d’une pleurésie, et d’une maladie de foie ». Le recteur se décida donc à prendre sa retraite. Il choisit pour nouvelle résidence Bath, la ville d’eau à la mode en Angleterre à la fin du xviiie siècle.

Jane, ayant été récemment absente de Steventon, ne connaissait rien des intentions de ses parents. Un jour, comme elle rentrait d’une promenade avec Cassandra, sa mère leur annonça que leur père et elle avaient résolu de partir pour Bath dans un délai assez court. Ce fut un tel choc pour Jane qu’elle s’évanouit. Ce n’était pourtant