Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

car tous étaient des esprits calmes et modérés, grands observateurs des convenances et décidés à ne jamais s’écarter des saines règles de la respectabilité anglaise.

Les Austen étaient en excellents termes avec les gens du village, mais sans intimité. Les familiers du presbytère, quelques pasteurs des environs, le principal médecin de Basingstoke, le représentant de la circonscription à la Chambre des Communes, constituaient avec Mr. Austen et sa famille un petit clan bourgeois, un peu orgueilleux de sa supériorité matérielle et intellectuelle sur les fermiers du voisinage.

L’avant-dernière des enfants, Jane, était une fillette vive, enjouée, spirituelle, de bon caractère, aimante et aimée de ceux qui l’entouraient. Elle adorait sa sœur Cassandra, son aînée de trois ans, et Mrs. Austen prétendait que si on condamnait celle-ci à avoir la tête coupée, Jane insisterait pour partager son sort. Aussi, lorsque Cassandra fut mise en pension à Reading, non loin de Steventon, il fallut laisser Jane l’y accompagner, quoiqu’elle fût trop jeune pour en tirer aucun profit. C’était d’ailleurs une très agréable pension. La directrice, Mme Latournelle, une vieille dame avec une jambe de bois et qui persistait à s’habiller à la mode de sa jeunesse, trottinait toute la journée autour de ses élèves, veillant plus à leur santé qu’à leur instruction. Les jeunes filles étaient traitées avec toute l’indulgence possible, gambadaient à leur aise pendant de longues heures dans un grand jardin bien ombragé ; et les règlements étaient assez élastiques pour permettre d’aller dîner à l’auberge avec les frères ou les cousins de passage. Il semble bien que l’établissement ressemblait beaucoup à celui que Jane Austen décrit dans Emma : « Ce n’était ni un séminaire, ni une de ces institutions qui se vantent, en de longues phrases d’une niaiserie pleine d’affectation, de donner en même temps qu’une instruction