Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/18

Cette page n’a pas encore été corrigée

de mode ; ils n’ont même jamais été plus en faveur chez nos voisins que dans ces dernières années. Il est donc temps que les Français cessent de s’en désintéresser ; ils s’apercevront qu’on ne peut pas plus dire des livres de Miss Austen qu’ils ont vieilli qu’on ne le dit de ceux de Stendhal. Ses romans ont eu, en effet, la même destinée que Rouge et Noir et La Chartreuse de Parme ; passés d’abord presque inaperçus, appréciés uniquement au début par un groupe restreint d’esprits raffinés, ils ne se sont imposés que très lentement à la masse du public et ne sont devenus vraiment en vogue que tout récemment. Actuellement, ses admirateurs constituent une petite église dont le nombre des fidèles, qui sont des plus fanatiques, augmente de jour en jour.

Depuis vingt-cinq ans, une quinzaine de volumes de biographie et de critique ont été publiés sur Jane Austen, les rééditions de ses œuvres se sont multipliées, et les articles de revues qui vantent ses mérites sont innombrables. Dix volumes d’études relatives à sa vie ou à ses romans ont paru depuis 1902 en Angleterre et en Amérique.

On voit qu’il ne s’agit pas d’exhumer une sorte de fossile littéraire pour expliquer l’évolution d’un genre, mais de faire connaître au lecteur français des livres bien vivants, pleins de sève, et dont la renommée, pour être restée de longues années dans une espèce de léthargie, n’en est que plus éclatante aujourd’hui.

Sauf un article de Mr. Boucher, paru en 1878 dans la Revue des deux Mondes, aucune étude en langue française n’a encore été publiée sur Jane Austen. Comme il s’agit de présenter ici un écrivain étranger presque inconnu chez nous, nous avons cru devoir donner un court