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CHAPITRE V


OPINIONS ET TEMPÉRAMENT

DE JANE AUSTEN


En racontant l’histoire de la vie de Jane Austen, nous n’avons donné qu’une image de sa personnalité sociale telle qu’elle apparaissait extérieurement à ses parents et à ses amis. Il serait intéressant de pénétrer sa personnalité sentimentale et morale, de retrouver tous ce que ses intimes ne nous ont pas révélé ou ce qu’ils n’ont pas su voir, de connaître son opinion sur maints problèmes psychologiques, politiques ou sociaux de la vie courante.

Sa correspondance nous renseigne très imparfaitement sur ces questions ; elle ne se confiait guère qu’à sa sœur Cassandra, et celle-ci a détruit toutes les lettres qui avaient un caractère trop personnel ou qui contenaient des appréciations trop libres sur leur entourage, celles qui auraient pu déceler sa mentalité véritable. Nous en sommes donc réduits à opérer comme Jane Austen elle-même, lorsqu’elle croyait découvrir dans un salon un type original, susceptible d’être introduit dans ses romans ; elle écoutait attentivement sa conversation, et notait au vol les réflexions qui devaient la fixer sur les véritables sentiments dissimulés sous la façade mondaine. Nous allons scruter ses livres ; et ce sont ses phrases mêmes, ses appréciations de tel ou tel acte, ses préférences ou ses antipathies pour tel ou tel personnage, qui nous dévoileront la conception qu’elle se faisait