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AVANT-PROPOS


Objet d’un véritable culte dans son pays, placée par beaucoup de ses compatriotes immédiatement au-dessous de Shakespeare dans la hiérarchie de leurs grands écrivains, Jane Austen est cependant presque inconnue en France. Tandis que les noms de Thackeray, de Dickens, de George Eliot, y sont populaires, celui de l’auteur de Mansfield Park et d’Emma reste ignoré du grand public. Tous ses romans ont bien été traduits dans notre langue, lors de leur apparition, il y a près d’un siècle, mais ils semblent être aujourd’hui complètement oubliés. En 1900, une nouvelle traduction de L’Abbaye de Northanger, la plus faible de ses œuvres, a eu un certain succès, mais insuffisant à rendre familier aux oreilles françaises le nom de Jane Austen.

L’âge quelque peu respectable de ces charmants ouvrages joue sans doute un rôle dans cet ostracisme. On craint, en ouvrant ces volumes d’il y a cent ans, de tomber sur de fastidieuses sentimentalités démodées depuis longtemps. C’est à tort, car les livres de Jane Austen n’ont rien de suranné, sauf un petit parfum de récit d’aïeule qui les rend plus piquants, et que bien des écrivains contemporains cherchent à donner artificiellement à leurs œuvres. Et puis, ils sont très loin d’être passés