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une ardeur ravie ». Après dîner, durant la partie de whist, il met un empressement comique « à approuver tout ce que dit Lady Catherine, à la remercier pour chaque point qu’il gagne, à s’excuser s’il croit en gagner trop ». Il est délicieusement gauche et solennel ; écoutons-le faire sa cour à Elisabeth :

— « Je désire me marier, premièrement, parce que je pense qu’il est bon qu’un pasteur avec un revenu suffisant, comme moi, donne l’exemple du mariage dans sa paroisse ; deuxièmement, parce que je suis persuadé que cela ajoutera beaucoup à mon bonheur ; et troisièmement, ce que j’aurais peut-être dû mentionner en premier lieu, c’est l’avis et le conseil de la très noble dame que j’ai l’honneur de considérer comme ma patronne. Par deux fois, elle a condescendu à me donner (sans que je me permisse de la lui demander) son opinion sur ce sujet. Samedi, avant mon départ de Hunsford, elle m’a encore dit : « Mr. Collins, il faut vous marier. Un pasteur comme vous ne doit pas rester célibataire. Choisissez bien ; choisissez une femme de bonne éducation qui puisse me plaire ; et, pour que vous soyez heureux, prenez une femme active et pratique, sans goûts trop élevés, mais capable de tirer bon parti d’un petit revenu. Voilà l’avis que je vous donne. Trouvez-moi cette femme-là le plus tôt possible, amenez-la à Hunsford, et j’irai la voir, » Permettez-moi en passant, ma jolie cousine, de vous faire observer que je ne compte pas les attentions et l’amabilité de Lady Catherine de Bourgh comme un des moindres avantages qu’il m’est permis de vous offrir. Vous verrez que ses manières sont au-dessus de tout ce que je pourrais décrire. Et je crois que votre esprit et votre vivacité ne lui sembleront pas désagréables, surtout lorsqu’ils seront tempérés par le silence et le respect que son rang vous imposera inévitablement ».


Comme Elisabeth ne se sent pas touchée par cette tendre déclaration, et refuse, poliment mais nettement, la faveur de devenir la femme d’un pasteur si bien en