Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

en grade, s’enrichir par des prises fructueuses de navires français. C’est lui qui avait raison dans sa joyeuse confiance en l’avenir ; et Anne, depuis sept ans, regrette son manque de volonté, reste fidèle au souvenir de son amour, écarte les propositions de mariage les plus avantageuses.

Tandis que Sir Walter s’installe luxueusement à Bath, Anne va passer quelques mois auprès de sa sœur Mary. Les beaux-parents de Mary, Mr. et Mrs. Musgrove, invitent chez eux le capitaine Wentworth, qui a été autrefois très bon pour leur fils, mort sur son navire. Et Anne se retrouve face à face avec le fiancé jadis éconduit. Il ne lui a jamais pardonné sa faiblesse devant la tyrannie paternelle ; il a pris sa douceur pour de l’indifférence ; elle ne lui est plus rien, et il ne montre envers elle qu’une froide politesse. Il s’étonne de la voir si changée ; « il ne l’aurait pas reconnue » dit-il à Mary, qui s’empresse de rapporter le cruel propos à sa sœur. Il songe à se marier, et Anne le voit flirter, encore indécis, avec Louisa et Henrietta Musgrove, les deux belles-sœurs de Mary, puis fixer son choix sur la joyeuse Louisa. Elle est de toutes leurs parties, et ne peut éviter la torture de le sentir si empressé, si ouvert avec les autres, si indifférent, si glacial avec elle.

Cependant il apprend que c’est elle qui a toujours refusé de se marier, qu’elle a repoussé obstinément l’aimable et riche Charles Musgrove. Il l’observe avec plus d’attention, remarque la modestie avec laquelle elle se tient toujours à l’écart, ne sortant de l’ombre que pour rendre service, et s’effaçant aussitôt après. Il devient plus aimable, tout en restant réservé, et Anne souffre un peu moins en voyant fondre son hostilité.

Les Musgrove et le capitaine Wentworth vont faire une excursion de quelques jours aux bains de mer de Lyme. Anne doit les suivre et être témoin des galanteries de Wentworth pour Louisa, dont il est m