Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/109

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il est impossible de donner une idée de la vie et de la gaîté qui animent ce joli roman. Autour de la joyeuse Emma, circulent, rient, bavardent, la plus amusante réunion de types d’un comique achevé : la petite pensionnaire Harriet, innocente et sentimentale, le beau pasteur et sa femme, Mr. Woodhouse si soucieux d’imposer son régime à tous ses invités. Miss Bates, si bonne personne mais si prodigue de ses paroles. Au-dessus de sa petite cour, Emma d’un bout à l’autre de l’histoire, concentre les sympathies du lecteur, l’intéresse à un dénouement que jusqu’aux dernières pages il ne peut prévoir. Ainsi se trouve réalisée l’unité d’action. L’unité de lieu est également respectée, car tout se passe à Highbury même ; et toute l’intrigue se déroule dans un temps relativement court. Cette petite comédie de caractère a toutes les qualités des chefs-d’œuvre classiques.



Persuasion


Chaque admirateur de Jane Austen a son roman favori ; Orgueil et Préventions et Emma séduisent les caractères ironiques et railleurs ; L’Abbaye de Northanger attire les lecteurs qui cherchent le mouvement et la gaieté ; les psychologues, amateurs d’études complexes et approfondies, ruminent Mansfield Park ; les âmes sentimentales et tendres donnent la préférence à Persuasion. C’est le dernier de ses ouvrages, et les souffrances de la maladie, l’approche pressentie de la mort, le teintent d’une mélancolie étrangère à ses premiers romans, donne un nouveau timbre à son talent.

Sir Walter Elliot de Kellynch Hall, est obligé, par suite de sa mauvaise administration, de louer sa propriété à l’amiral Croft, afin d’aller vivre plus économiquement à Bath. C’est un vieux beau, épris de lui-même et de son titre de baronnet. Il est veuf et a trois filles.