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SOUVENIRS
DE
L’AMÉRIQUE ESPAGNOLE




VALPARAISO

ET LA SOCIÉTÉ CHILIENNE




I


Si l’on n’a pas connu les fatigues, les ennuis de la traversée du cap Horn, il faut renoncer à comprendre le charme mystérieux, qui s’attache, pour le voyageur impatient et attristé, à ce doux nom de Valparaiso, sans cesse répété comme une consolation, comme un espoir, à travers les périlleux hasards d’une navigation contrariée par les vents. Que de fois, battus par une mer furibonde, nous mesurâmes tristement sur la carte marine l’espace qui nous séparait du port ! Que de semaines froides et tourmentées nous passâmes dans cette pénible attente ! Toujours d’étourdissants roulis, toujours un ciel morne où des nuages gris fuyaient comme un troupeau effaré sous le fouet du vent. Enfin le changement de latitude vint apporter quelque soulagement à cette souf-