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Le vent des mers te fouettant de son aile,
Forçait ton front à se rider, ma belle ;
Dans ces sillons, fermés le lendemain,
On était sûr que la vague marine,
Déposerait sa poudre grise et fine,
  Après le bain !

tu ne prenais, durant nos promenades,
De la charrette aux brutales saccades,
De cette barque où tu ramais aussi,
De ce coup d’air qui t’enfiévrait la joue,
De tes jupons que festonnait la boue ;
  Aucun souci !

Eh bien, crois-moi, je t’aimais ainsi faite.
En ce temps-là, tu n’étais pas coquette,
Et ce valseur, imprudemment banal,
N’eût de ton cœur, — tant l’innocence est forte !
Comme aujourd’hui voulu forcer la porte
  Pendant un bal !


(Revue de Paris.)