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Je me retrouvai avec le trouble de tout à l’heure, avant d’entrer chez Marthe. Mais comme l’attente devant la porte, celle devant l’amour ne pouvait être bien longue. Du reste, mon imagination se promettait de telles voluptés qu’elle n’arrivait plus à les concevoir. Pour la première fois aussi je redoutai de ressembler au mari et de laisser à Marthe un mauvais souvenir de nos premiers moments d’amour.

Elle fut donc plus heureuse que moi. Mais la minute où nous nous désenlaçâmes, et ses yeux admirables, valaient bien mon malaise.

Son visage s’était transfiguré. Je m’étonnai même de ne pas pouvoir toucher l’auréole qui entourait vraiment sa figure, comme dans les tableaux religieux.

Soulagé de mes craintes, il m’en venait d’autres.

C’est que, comprenant enfin la puissance des gestes que ma timidité n’avait osés jusqu’alors, je tremblais que